Comment l'ancien leader d'al-Qaida et l'émir de l'organisation Etat islamique ont-ils fini par incarner aujourd'hui les figures du mal ? Retour sur leurs origines sociales et politiques, leur essor - plus ou moins lent - et leurs tactiques, toujours plus meurtrières. Edifiant.

N'importe où. N'importe quand. N'importe quand. N'importe qui. N'importe comment. Des ruines minées de Palmyre à la plage ensanglantée de Sousse, par un massacre de masse à Kobané ou un attentat-suicide improvisé, au coeur d'un pays musulman, tel le Koweït, ou dans une capitale européenne. L'Etat islamique semble en mesure de frapper à sa guise sur la planète, partout où il peut manipuler et armer un fanatique. Sans autre but de guerre que la terreur, sans autre tactique que la recherche de dégâts maximums, sans autre stratégie que le djihad.

On estime que jusqu'à 20% des ressources de l'organisation terroriste Daesh proviendrait de la commercialisation sur le marché international d'antiquités provenant de pillages de sites (comprenant la fabrication de faux). Selon l'Unesco, leur trafic illégal a augmenté de 500% depuis le début de la guerre.

Une machine infernale s'est mise en route. Au lieu de réfléchir aux moyens de l'enrayer, d'éteindre l'incendie, de faire baisser le niveau des violences, nous sommes en train d'entretenir sa dynamique suicidaire et mortifère, en tombant dans le piège que nous tendent les djihadistes et en faisant, du même coup, le lit du Front national.

"Qui est l'ennemi ?", tel est le titre du discours d'ouverture des Assises 2015 de la Recherche stratégique prononcé le 1er décembre 2015 à Paris par le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian. Plus de deux semaines après le massacre du 13 novembre perpétré à Paris, ce discours retient l'attention par sa qualité d'expression et sa rigueur, alors même que des polémiques suscitées par des propos de Dominique de Villepin portaient sur la question de savoir si nous étions entrés ou non en guerre et, si c'était le cas, de quel type de guerre il pouvait s'agir.

La récente destruction de Saint-Elie de Mossoul, le plus vieux monastère chrétien en Irak, par l'organisation Etat islamique, pose, une fois encore, la question de la protection de la mémoire historique de l'humanité en temps de conflit et de guerre. Il ne fait pas de doute que cet acte de décivilisation et de destruction laisse un goût amer d'irresponsabilité et d'absurdité...

La guerre de Daech est une guerre contre le pluralisme culturel, en premier lieu celui de nos sociétés, mais aussi celui des sociétés du Moyen-Orient. Cette guerre est à la fois sa raison d'être, le but qu'il poursuit et le sécessionnisme culturel est son principal moyen d'action. Faire mine de s'y résoudre, de l'accepter, c'est lui accorder une victoire morale démesurée.

Comment Daech s'appuie sur le Coran pour justifier, par le djihad, la pratique de l'esclavage, notamment sexuel.

En Syrie, des jeunes venus de loin, y compris de France, ont rejoint l'Etat islamique (MDA 314). Ils ont été embrigadés grâce à des méthodes bien rodées, où la religion n'est même pas la première motivation ! Zoom sur un processus implacable.

Les tenants du parler-vrai ont raison d'affirmer un rapport du terrorisme islamiste à la religion : il n'est pourtant pas celui d'une continuité, mais d'un dévoiement et d'une sinistre caricature.