Entre les services de renseignements des deux pays, ce n'est plus l'accord parfait. Pour lutter contre Al-Qaïda et les talibans, la CIA ne peut pas se passer de l'ISI. Celui-ci le sait et en profite pour affirmer son indépendance.

Tirs de missiles sur son territoire, envoi d'un commando pour liquider Ben Laden... Trop, c'est trop. Islamabad se rebiffe. Alors que le vieux couple qu'il formait avec Washington bat de l'aile, il pourrait être tenté de convoler avec Pékin.

Washington aurait mené une attaque meurtrière à l'intérieur du territoire pakistanais le 30 octobre 2006, suscitant l'indignation générale dans le pays. Le gouvernement est désormais pris entre le marteau et l'enclume.

Les Etats-Unis ont orchestré en coulisse l'accord entre Benazir Bhutto et le président Pervez Musharraf. Et, dans le même temps, ils ont poussé ce dernier à lancer une grande offensive contre les islamistes.

Après avoir surfé pendant toute sa campagne sur le thème du changement, Barack Obama va maintenant devoir passer à l'acte et faire ses choix, notamment en politique étrangère.

Le pouvoir militaire, impopulaire durant les dernières années Musharraf, domine le pays. Son inertie lors de la traque de Ben Laden pourrait permettre aux civils de reprendre la main.

La place de l'Inde et du Pakistan dans la région Asie du Sud / Asie centrale et dans le système international a été durablement modifiée par les événements du 11 septembre et la guerre qui a suivi.

Devant l'échec des opérations militaires en Afghanistan, M.Robert Gates, secrétaire américain à la défense, a mis en cause, à la mi-janvier, les aides que trouveraient les combattants talibans sur le territoire pakistanais.

Les militaires pakistanais se sont rangés aux côtés des Etats-Unis dans leur lutte contre le terrorisme. Mais iront-ils jusqu'à attaquer de front les groupes islamistes qu'ils ont créés pour contenir les partis démocratiques ?

Si les Américains n'arrivent pas à convaincre les talibans qu'ils doivent se débarrasser de Ben Laden et conclure un accord politique avec l'opposition, l'Afghanistan risque de sombrer dans une nouvelle guerre civile, dont l'onde de choc s'étendrait à l'ensemble du monde musulman.

Berceau des talibans et d'Al-Qaida, l'ex-Etat voyou tire parti de l'alliance nouée avec Washington après les attentats de 2001. Dopée par les subventions américaines, l'économie tourne à plein régime.