"Immersion" est un roman qui joue de multiples emboîtements, de jeux de miroirs et de mises en abyme où le narrateur, David Fisher, figure un romancier en quête de personnages.

Il vient de donner à la Bibliothèque nationale de France la quasi-totalité de la production vidéo du Fresnoy, l'école d'art atypique qu'il a créée en 1997 à Tourcoing, où ont été formés des artistes tels que Laurent Grassa ou Anri Sala. Portrait d'un utopiste en action.

Traders sous cocaïne, artistes contemporains surcotés, hommes politiques déconnectés... "L'Obs" a rencontré quatre écrivains, français ou suisses, qui imaginent la chute imminente de l'économie mondiale. Et ça fait froid dans le dos.

Que ce soit dans la reliure d'un petit carnet d'adresses ou dans une ville riche d'une histoire changeante et d'une géographie frontalière, il s'agit pour Alain Fleischer, dans les deux livres qu'il fait paraître cet automne, un essai et un roman, d'inscrire un temps complexe, éclaté entre plusieurs passés, dans des lieux à la fois clos comme des coffres ou comme des prisons et en même temps fortement ouverts par leur position marginale

Et si raconter sa vie passait nécessairement par le récit de la vie de l'Autre ? Et s'il n'était possible d'accéder aux secrets de son existence qu'en opérant un détour par ceux d'un ancêtre, presque inconnu, qu'il faut alors imaginer ? Par un procédé narratif original, Alain Fleischer se glisse dans la peau d'un oncle, mort à 27 ans, dans un train, quelque part entre la Pologne et la Hongrie, un jour d'avril 1944.

Le langage a aussi des allures catastrophiques affirmait un des textes disséminés dans l'exposition du Centre Pompidou Voyage(s) en utopie dont Jean-Luc Godard avait lui-même assuré le commissariat en 2006.

A première vue, ce sont des nouvelles, au nombre de 29, de longueur très différente, suivies d'un essai sur la fureur de collectionner et de 9 portraits de collectionneurs, dont l'auteur. Pourquoi donc nommer l'ensemble ″roman″, sinon par coquetterie paradoxale, ou pour conjurer l'impression de dispersion que les activités multiples d'Alain Fleischer, cinéaste, photographe, artiste plasticien, écrivain, ne manquent pas de susciter depuis un quart de siècle qu'il produit, sans relâche et dans tous les genres ?

Parmi les contraintes qui, dans l'art d'écrire, donnent l'espoir d'accéder, en prose, à la parole poétique, celle d'enchaîner les chapitres à partir de mots rangés dans l'ordre alphabétique peut sembler l'une des plus élémentaires. Tant mieux ! Elle ne sera donc productrice de beauté que maniée par un virtuose.