Mai 68, au-delà des grèves et des violences, fut l'expérience sensible d'un désinvestissement de la machine sociale qui permit de parler de tout, qui remit en question l'idée d'une avant-garde intellectuelle et qui joua un rôle d'éducateur politique.

Aux lendemains de Mai 68, la loi Faure a révolutionné le paysage universitaire hérité de la IIIe République. L’Université de Paris, point de départ de la crise avec l’occupation de la Sorbonne, laisse place à 13 nouveaux établissements. Retour, cinquante ans après, sur une réforme radicale – et bien difficile à mettre en oeuvre.

Nous y sommes. Une ultime commémoration. Voilà cinquante ans que Mai 68 s'est érigé en référence incontournable des mouvements de jeunesse. Cinquante ans que le souvenir des "événements" influence les représentations politiques et conditionne les mobilisations de chaque nouvelle génération. Cinquante ans que les anciens contestataires, aujourd'hui sur le seuil d'une retraite salutaire, ont réussi l’exploit d’élever le modèle spontané et expressif de leur révolte au rang d’étalon universel de l’émancipation des jeunes...

Mai 68 a cinquante ans ! La littérature de jeunesse, qui ne fut évidemment pas au coeur des revendications de cette révolution, s'en trouva pourtant sensiblement bousculée. Sophie Heywood et Cécile Boulaire nous proposent ici leur analyse de l'onde de choc éditoriale de l'ébullition éducative et générationnelle de la fin des années 1960. On y voit des stéréotypes trembler sur leur bases, des expérimentations psychédéliques effrayer la critique, et apparaître une modernité indispensable dont nous bénéficions encore aujourd'hui.