Ce très épineux dossier inquiète. Voici comment on en est arrivé là.

Le second 20e siècle se caractérise, à bien des égards, par l'essor de l'Etat providence.

L'insatisfaction peut faire naître l'envie de réforme, mais elle ne suffit pas. Dans une France jacobine où chacun tient à ses prérogatives et à sa légitimité, il faut, pour réformer, la volonté d'aboutir par la négociation, en même temps qu'une certaine humanité.

A côté de la démocratie représentative et de la démocratie sociale, la vie associative est un levier dont on n'a jamais eu autant besoin. Encore faut-il lui permettre de trouver toute sa place, sans l'instrumentaliser, et la soutenir pour les valeurs qu'elle porte et pour sa créativité.

Instaurer un revenu minimum et l'étendre au-delà des seuls exclus. Rebâtir totalement le système éducatif. Cela coûtera cher : plus de 50 milliards pour chacune de ces deux réformes...

Les salariés n'ont plus d'illusions comme en 1981, mais ils attendent que le gouvernement manifeste par des gestes clairs sa volonté de "gouverner autrement"...

La "cohésion sociale", recherchée de toute part, ne découle plus aujourd'hui de la solidarité conçue dans la société industrielle. Dans le nouveau contexte économique, elle ne semble plus pouvoir venir que de la confiance ou du consentement, ce qui impose de repenser une intervention publique dans les termes d'un Etat "qui rend capable".

Témoin de 700 000 situations de détresse chaque année, l'organisation caritative veut savoir si oui ou non le pouvoir entend faire de la lutte contre la pauvreté une priorité nationale...

Avec quelques autres, l'ancien ministre de la Santé, aujourd'hui président du mouvement Réunir, a déclenché une polémique à gauche en ne rejetant pas tout du "plan Juppé"...

L'intention est louable, le dispositif cohérent. Mais pour que la réforme Juppé tienne ses promesses, il faudra satisfaire plusieurs conditions, à commencer par un financement socialement équitable...

C'est la vraie réforme ou la faillite assurée. Pas seulement la faillite financière. A force de replâtrages, la protection sociale est en ruine. Alain Juppé, comme tous ses prédécesseurs, va-t-il se contenter d'alourdir encore la facture ?...