Avec son rôle dans "La Fille inconnue" des Dardenne, Adèle Haenel semble avoir encore gravi un échelon. Rencontre avec une formidable actrice, engagée dans son métier et la politique, à la fois instinctive (dans ses rôles) et très raisonnée dans sa vision du monde.

La culpabilité éprouvée par une jeune médecin de n'avoir pas su ouvrir sa porte à qui le lui demandait. Le cinéma des Dardenne toujours plus à vif.

Titres recensés : "Moi, Daniel Blake" de Ken Loach ; "La mort de Louis XIV" d'Albert Serra ; "La fille inconnue" de Jean-Pierre et Luc Dardenne ; "Le client" d'Asghar Farhadi ; "Ta'ang un peuple en exil, entre Chine et Birmanie" de Wang Bing ; "Voyage à travers le cinéma français" de Bertrand Tavernier.

"Si tu veux être un bon médecin, tu dois être plus fort que tes émotions", sermonne Jenny Davin, doctoresse (Adèle Haenel) à Julien, son stagiaire (Olivier Bonnaud) qui, inhibé par les convulsions d'un petit patient, a été incapable d'aider à le secourir. "țre plus fort" ne signifie pas "ignorer". Car ses émotions, malgré elle, Jenny va passer son temps à nous les montrer. Mais c'est pour ne pas avoir su être "plus forte que ses émotions" que Jenny va faillir.

Les cinéastes, Jean-Pierre et Luc Dardenne, plusieurs fois récompensés, évoquent leur dernier film, "La Fille inconnue", leurs méthodes de travail et l'inspiration philosophique de leur cinéma. Les personnages du film cherchent à avouer leurs fautes, en quête d'une reconnaissance de l'autre.

Luc et Jean-Pierre Dardenne appartiennent à deux ensembles de cinéastes que les commentateurs mettent souvent en exergue. D'un côté les frères de cinéma (une qualité partagée par les Larrieu, les Taviani, les Coen, les Wachovski), de l'autre ceux qui ont été honorés à deux reprises par une Palme d'or (à l'instar de Bille August, Emir Kusturica, Ken Loach, Francis Coppola, Shoei Immamura ou Michael Haneke). Ce n'est pas anecdotique.