Les travaillistes ont réélu le plus archaïque d'entre eux. Récit d'un naufrage.

La capitale britannique, en plein renouvellement démographique, se donnera-t-elle un maire musulman le 5 mai 2016 ? C'est l'espoir du travailliste Sadiq Khan, favori face à un conservateur issu de l'establishment.

C'est un travailliste d'origine pakistanaise et de confession musulmane qui, le 7 mai 2016, a été élu maire de Londres au détriment d'un éminent représentant de l'establishment. Ca rappelle confusément quelques chose, non ?

La métamorphose de Jeremy Corbyn

Diplômé de l'université du Sussex en histoire et en français, Owen Smith est membre du Parti travailliste depuis l'âge de 16 ans. Il représente la circonscription de Pontypridd à la Chambre des communes depuis 2010. L'été dernier, il a présenté sa candidature contre Jeremy Corbyn, l'actuel chef du parti travailliste, mais a singulièrement perdu la bataille.

Jusqu'en avril de cette année, le parti travailliste a continué un naufrage politique entamé il y a près de cinq ans. Sous la tutelle de Jeremy Corbyn, les tensions et les polémiques furent nombreuses et les résultats décevants. Le nouveau leader du parti, Keir Starmer réussira-t-il à redresser la barre?

Le 5 mai 2016, Sadiq Khan, en l'emportant sur son opposant conservateur Zac Goldsmith avec 57% des voix contre 43%, devient le premier maire musulman d'une capitale du monde occidental et l'homme politique ayant obtenu le plus large mandat personnel de l'histoire britannique. Le candidat travailliste, fils d'une couturière et d'un chauffeur de bus pakistanais, élevé dans une HLM de la ville, a été élu parce qu'il apportait les réponses les plus convaincantes à une population largement acquise à son parti.

Nul n'ignore que les urnes anglaises ont rendu le verdict le plus inattendu et le moins prévisible de leur histoire... Pour la première fois depuis le début du XXe siècle, un Premier Ministre en exercice depuis plus de dix-huit mois augmente sa majorité. Les chefs des trois principaux partis ont démissionné le lendemain des élections (même si l'un d'entre eux, Nigel Farage, de l'UKIP, a repris sa démission quelques jours plus tard, cédant à la pression enthousiaste des militants de son parti). Les conservateurs gouvernent seuls pour la première fois depuis John Major en 1997.

Jeremy Corbyn a été élu à la tête du Labour avec une large majorité. En début de campagne, personne ne donnait pourtant cher de sa peau. La plupart des parlementaires qui lui ont accordé leur parrainage ne l'ont fait que pour garantir un débat équitable et à la dernière minute : Corbyn était l'agneau qu'on allait sacrifier sur la gauche du parti. Comment peut-on expliquer une victoire qui a surpris tout le monde par son ampleur et sa rapidité ?

Malgré l'assassinat de la jeune députée du Labour Jo Cox, une partie du camp pro-Brexit continue à semer la division dans la société, déplore la presse britannique.

L'actuel chef du Parti travailliste devrait être reconduit en septembre 2016 à la tête du Labour grâce au soutien des plus jeunes membres du parti.

Le feuilleton de l'été opposant Jeremy Corbyn, candidat à sa propre succession, et Owen Smith va peut-être aboutir à une scission du Parti travailliste britannique.