Figure emblématique du milieu littéraire de ces quarante dernières années, Olivier Bétourné signe ses "Mémoires". En plus d'y raconter les maisons qu'il a fréquentées, voire dirigées (Le Seuil, Fayard, Albin Michel), il brosse un portrait de la République des lettres et décrit l'évolution du monde du livre. Entretien.

La période du confinement du printemps 2020, liée à la crise sanitaire de la Covid-19, a fortement impacté le marché français du livre. Les ventes ont plongé en mars et en avril, de 33% et 56%. L'affluence des clients dès le déconfinement et l'attention médiatique accordée aux libraires indépendants ont permis un rebond de 22% en juin et en juillet. Pour beaucoup de professionnels du livre, cette rupture inédite de la chaîne de commercialisation a été l'occasion de réfléchir à ses dysfonctionnements.

La Covid -19 a bouleversé le calendrier des parutions des éditeurs de livres d'histoire mais, malgré la chute inévitable des ventes pendant le confinement, le secteur reste dynamique et le report d'un grand nombre de titres à 20 21, associé à la rationalisation des stratégies éditoriales, lui permet d'envisager l'avenir avec un raisonnable optimisme.

Le milieu littéraire n'échappe pas aux débats entourant les sujets sociétaux en 2020. Les ouvrages sur les questions de religion, de genre ou de race peuvent être de plus en plus critiqués et remis en question par un pan de la société, qui veut les censurer. Certains titres historiques sont également remis en cause, comme "Les Dix petits nègres" d'Agatha Christie, renommé "Ils étaient dix". Dans ce contexte, les éditeurs tentent de ne pas laisser la bien-pensance prendre le dessus afin de sauvegarder la liberté d'expression.

Les crises, le rayon ésotérisme en profite à chaque fois. En 2020, la pandémie de Covid-19 a confirmé que ce segment littéraire était d'autant plus porteur que la société tanguait et s'interrogeait sur son avenir. Le marché progresse de 10,7 % à 43,8 millions d'euros en valeur, et de 2,3 % à 2,6 millions d'unités vendues en volume. Le niveau de production reste stable, à 467 nouveautés en 2019, mais les éditeurs gagnent en visibilité auprès d'un public curieux.

Depuis Bordeaux, il est monté au créneau pour dénoncer l’inégalité de traitement entre la Fnac et les librairies indépendantes. Avec succès, Denis Mollat, 67 ans, est une voix qui porte dans le monde du livre. A la tête de la librairie indépendante la plus ancienne et la plus importante de France, ce dirigeant visionnaire a fait de l’entreprise familiale une institution. Aujourd’hui, la boutique à la devanture bleue rayonne bien au-delà de l’agglomération bordelaise, grâce à la vente en ligne et à ses vidéos d’auteurs diffusées sur youtube.

Apparues ces dernières années dans un paysage éditorial que l'on dit souvent morose, de petites maisons d'édition renouvellent les pratiques, réinventent le métier et revivinent le débat d'idées. Des initiatives précieuses en ces temps incertains.

Depuis le début des années 2000, la narrative nonfiction américaine a trouvé en France une nouvelle terre d'accueil. Une bouture qui n'avait rien d'évident dans un pays où le roman est roi. Aujourd'hui, maisons d'édition et presse dédiées au reportage littéraire permettent au genre de s'adresser au grand public. Sommaire. Le triomphe de la non-fiction. Florence Aubenas : "Il faut pouvoir répondre de ce que l'on écrit". La non-fiction à la française. Non-fiction américaine, l'origine du genre. Chercheur d'âmes.

Robert Darnton reconstitue l'itinéraire d'un commis voyageur suisse dans les librairies de la France entière. Ce faisant, il montre comment la diffusion des idées s'intensifie à la veille de la Révolution.

40 ans après son adoption, en 1981, la loi Lang continue d'être un modèle. En imposant le prix unique du livre en France, elle a redéfini la chaîne éditoriale et personne n'ose aujourd'hui la remettre en question. Plusieurs autres pays s'en sont même inspirés. Toutefois, l'apparition du commerce électronique et des plateformes de vente en ligne tend certains nouveaux venus, souvent étrangers, à questionner cette loi. La filière se dit cependant vigilante afin de parer à toute atteinte et de conserver cette loi pionnière en la matière. Sommaire.

Géant français de l'édition, Hachette a réalisé une belle année 2020, à 2,4 milliards d'euros de CA et 246 millions d'euros de résultat. Son PDG, Arnaud Noury, vante l'assise internationale du groupe qui lui a permis de bien résister à la crise de Covid-19, mais estime qu'il peut encore faire des efforts en ce qui concerne la diversité des auteurs présentés et des thématiques abordées. Il nie aussi tout rapprochement avec son concurrent Editis, arguant que l'avenir d'Hachette passe d'abord par la diversification (jeux vidéo, jeux de société, etc.) plutôt que par "l'obésité".

Dans la lignée du mouvement #MeToo, les éditeurs français investissent les thématiques de la sexualité féminine et du plaisir des femmes en 2021. Romans, manifestes, livres pratiques, les formats sont variés et quelques grands succès ont déjà été constatés. "Jouissance Club", chez Marabout, s'est par exemple vendu à 270 000 exemplaires. Ces ouvrages s'adressent aux femmes mais aussi aux hommes, et se déclinent même parfois en version jeunesse. Détails. Pas de chiffres.