Dans le cadre de cet article, Gérard Blanchard formule pour la première fois l'un des jalons théoriques essentiels de son appréhension pragmatique du texte. Interrogeant les fonctions de mise en page en termes d'enjeux stratégiques et mémoriels, il s'appuie sur la tradition antique des « Arts de mémoire » ("ars memorandi") et des « lieux de mémoire »,("loci") afin de théoriser la notion de « lieux du texte ». Publié cinq ans avant la soutenance de sa thèse sur la « Sémiologie de la typographie » cet article marque aussi un temps fort dans l'histoire de « Communication & langages ».

A travers l'ensemble de son oeuvre et en particulier ses travaux universitaires, Gérard Blanchard a ouvert une voie nouvelle pour les recherches sur des objets communicationnels, comme la typographie, la page et les questions éditoriales, jusque-là confinés dans les approches esthétiques. Philippe Quinton témoigne ici du rôle essentiel tenu par Gérard Blanchard dans son propre itinéraire scientifique construit à partir d'une expérience professionnelle dans le design.

La page est lieu plutôt qu'espace. Elle emprunte au lieu ses valeurs d'intimité et de centre, sa capacité à inscrire l'événement et à loger l'histoire (à l'instar des antiques théâtres de mémoire). "Lieu de mémoire", elle met en oeuvre dans l'ordonnancement du texte un dispositif mnémotechnique mais elle porte aussi en elle la mémoire de son histoire et de l'imaginaire qui la fonde, car elle ne cesse de faire affluer dans sa surface le vertige de ses profondeurs.

Si le livre illustré ou d'artiste se reconnaît rapidement par sa dimension iconographique, un type de livres de création a glissé furtif tout au long du XXe siècle, dans le ciel des historiens du livre. Fondé sur un brouillage perceptif du plastique et du linguistique, ce "livre graphique" est, par essence, un objet difficilement saisissable. Les pratiques éditoriales qu'il implique ont aussi participé à ce statut d'Objet livresque non identifié.

Bandeaux léchés ou relookage complet, les maisons littéraires soignent leurs couvertures de rentrée pour mieux se démarquer en septembre sur les tables des libraires.

Ecrivain et photographe, mais avant tout graphiste, Massin est un génial touche-à-tout.