Traduction et commentaire de 9 chapitres de ce livre pour restituer le véritable enjeu nietzschéen du conflit entre puissance et vérité. ©Electre 2018

Une exigence implacable entrant inévitablement en conflit avec le monde et un héroïsme dans la révolte ont réduit Nietzsche à un féroce isolement. Ses positions aboutiront à la tragédie. Zweig en a exprimé toute la profondeur.

La joie est par définition, illogique et irrationnelle. La langue courante en dit là-dessus plus long qu’on ne pense lorsqu’elle parle de « joie folle » ou déclare de quelqu’un qu’il est fou de « joie ». Il n’est effectivement de joie que folle ; tout homme joyeux est à sa manière un déraisonnant. Mais c’est justement en cela que la joie constitue la force majeure, la seule disposition d’esprit capable de concilier l’exercice de la vie avec la connaissance de la vérité. Car la vérité penche du côté de l’insignifiance et de la mort, comme l’enseignait Nietzsche et l’enseigne aujourd’hui Cioran. En l’absence de toute raison crédible de vivre, il n’y a que la joie qui tienne, précisément parce que celle-ci se passe de toute raison.