En s'alliant avec les unionistes radicaux la Première ministre Theresa May ne risque-t-elle pas de relancer le conflit entre catholiques et protestants ?

Avec le Brexit, le retour d'une frontière entre les deux Irlandes rouvre les plaies de la guerre civile. Voyage le long de cette ligne où unionistes protestants et nationalistes catholiques apprenaient tout juste à vivre ensemble.

Pendant la Première Guerre mondiale, les prisonniers de guerre irlandais bénéficient d'un traitement singulier. Le gouvernement allemand sépare les captifs irlandais des autres prisonniers britanniques quelques mois après le début des hostilités et les regroupe dans un seul et même camp. Nourriture abondante, conditions de détention enviables, possibilités de lire et de fumer ; tout cela tranche singulièrement avec le sort des prisonniers de guerre ordinaires.

Les extrémistes protestants n'ont jamais vraiment accepté le processus de paix engagé entre le gouvernement britannique et les représentants de la minorité catholique. La saison de cortèges leur a fourni un prétexte pour ranimer l'incendie.

Après avoir été le cauchemar des Premiers ministres britanniques, de William Gladstone à Tony Blair, l'Ulster reste le poil à gratter de Theresa May, aux prises avec le dilemme frontalier du Brexit en instance, en tentant de ne pas coller à l'image intransigeante de Margaret Thatcher, elle aussi issue de la coalition conservatrice des Tories.

En juillet dernier, l'Armée républicaine irlandaise a mis fin à trente-six ans de lutte armée, étape importante vers la réconciliation entre catholiques et protestants. Mais, à Belfast et sur la frontière qui sépare les deux Irlandes, des gens ordinaires tissent depuis longtemps une paix au quotidien.