Un geste de soin se doit d'être avant tout un geste accompli avec compétence. Alors n'est-il pas archaïque de tenter de réintégrer cette notion sacré à propos du soin ?

Alors que le Louvre organise une exposition dont l'intitulé, « Poussin et Dieu », met étrangement sur le même plan le peintre du XVIIe siècle et le Créateur suprême, un livre paraît, qui vient démonter nos certitudes, décortiquer nos systèmes de croyance en l'art, interroger nos comportements les plus largement partagés. Dans « Ceci n'est pas qu'un tableau.

Les religions ont-elles le sens de l'humour ? Savent-elles rire d'elles-mêmes, de leurs clercs et de leurs dogmes ? Bien que l'actualité laisse volontiers penser le contraire, en réalité, le rire et le sacré sont inextricablement liés. Mais toutes les traditions religieuses n'ont pas le même humour. Et si elles rient volontiers des êtres humains et de leurs errances, il est plus difficile, voire inacceptable pour certaines, de se moquer de Dieu.

Les religions, que l'on croyait en perte d'influence, ont reconquis des fidèles, et l'opinion selon laquelle il serait impossible aux humains de se passer du sacré tend à gagner. Il reste à imaginer dans quelles conditions pourrait apparaître une "religion de l'humanité" laïque et rationnelle.

Des Scandinaves du Moyen Age, on connaît souvent la mythologie, source d'études nombreuses et de récupérations en tout genre. Mais au-delà de cette somme de croyances et de légendes hautes en couleurs, il existe une dimension spécifique, difficilement saisissable et pourtant essentielle : le sacré. Notion complexe, fréquemment évacuée ou fondue dans une étude générale de la religion (terme d'ailleurs tout aussi fourre-tout), qu'il importe de retrouver pour mieux comprendre, peut-être, la culture originale des peuples nordiques.

Quand la première notation musicale se développe entre les VIIIè et XIIè siècles, elle n'a pas pour fonction d'être un support de la mémoire, car la musique se transmet alors de manière orale. Pour le musicologue Olivier Cullin, la partition était avant tout un objet sacré, venant rappeler au moyen de l'écriture l'autorité divine.

Les églises sont vides, les vocations rares, Dieu perd du terrain... Mais le sacré, lui, en gagne.