Comment penser la terreur en France et la genèse du jihad ? Trois livres de Jean Birnbaum, Benjamin Stora et Gilles Kepel tentent d'apporter des réponses à ces questions-clés de notre époque.

Ancien voyou et chef charismatique, Jérémie, alias "Anas", dirigeait jusqu'à 2012 une filière djihadiste de 22 "frères" soudés par la haine de la France et des juifs. Retour sur une enquête qui apporte, a posteriori, un éclairage sur les attentats du 13 novembre.

En un an, les demandes d'engagement dans l'armée ont explosé. Les attentats de "Charlie Hebdo", puis ceux du 13 novembre 2015, ont suscité une vague de vocations sans précédent en France. Un phénomène similaire à celui qui suivit, aux Etats-Unis, la destruction des Twin Towers, le 11 septembre 2001.

Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider ont été poignardés chez eux en présence de leur petit garçon. Leur meurtrier, Larossi Abballa, avait déjà été condamné et incarcéré Pour appartenance à une filière djihadiste. Ratage des services de renseignements ?

C'était il y a tout juste vingt ans. Bien avant Mohamed Merah, Amedy Coulibaly ou les frères Kouachi. Dans la foulée des attentats de l'été 1995 à Paris, la France découvre avec stupeur le visage d'un terroriste islamiste ayant grandi sur le sol français. Le rôle exact joué par Khaled Kelkal dans les événements sanglants de cette année-là demeure imprécis. Mais son parcours a frappé durablement les esprits. Enfance banale, délinquance, prison, puis basculement dans le "djihad" : retour sur une trajectoire qui n'a plus rien de singulier.

Elle s'appelait Djamila. Cette enfant de Dreux "montée" à Paris est l'une des victimes des attentats. Dans sa ville natale, la communauté musulmane craint, comme ailleurs, d'être "victime des deux côtés". Des terroristes comme des préjugés.

"La vie continue", répète-t-on comme un mantra. Pourtant, l'angoisse est là. Et il suffit d'un pétard qui explose ou d'un sac suspect dans un wagon pour qu'elle prenne toute la place. Alors à défaut de pouvoir conjurer la peur, peut-être faut-il apprendre à vivre avec. Sans mettre en péril le vivre ensemble.

Les djihadistes posent un fameux défi aux services de sécurité français à la veille de l'Euro. Que prépare le commanditaire identifié des attentats de Paris et de Bruxelles ? Des terroristes infiltrés vont-ils repasser à l'action ?

Volontariat dans les associations, formation aux premiers secours, enrôlement dans les réserves des forces de l'ordre : les attentats de Paris ont dopé la solidarité en France. Surtout parmi les jeunes.

Les attentats ont modifié le regard des Français sur l'islam et ses fidèles. Méfiance, peur, amalgames : un fossé s'est creusé. L'enjeu est désormais de parvenir à le combler.

C'est une date gravée à jamais dans les mémoires. Ce soir-là, Daniel Psenny, journaliste au "Monde", était chez lui, tout près du Bataclan. Grièvement blessé en tentant de porter secours à une victime, il avait filmé quelques minutes plus tôt de sa fenêtre les seules images connues du carnage. Il revient aujourd'hui sur cette nuit l'horreur, mais aussi sur la vie d'après: la convalescence, la douleur, l'ambiguïté de son double statut de victime et de journaliste. Et surtout la chance d'être en vie.