C'est avant tout son pragmatisme qui a permis au mouvement islamiste turc de conserver le pouvoir depuis 2002.

L'espoir d'une adhésion à l'Europe avait favorisé des avancées démocratiques. Mais, au nom de la lutte contre le terrorisme, le gouvernement d'Ankara renoue avec les pratiques des années noires.

Le gouvernement turc a ouvert des discussions avec le chef de la rébellion kurde, détenu à vie. Mais l'exécution à Paris de trois militantes du PKK montre que les adversaires d'un tel dialogue ne désarment pas.

Au pouvoir depuis dix ans, de plus en plus autoritaire, le Premier ministre Erdogan impose au pays un tournant conservateur, puritain et intolérant.

Minoritaires dans un pays à majorité sunnite, discriminés, ils ne supportent plus la dérive islamiste du gouvernement.

Cet été 2008, le parti majoritaire a frôlé l'interdiction. Mais si la tension politique est un peu retombée, les lignes de fracture demeurent et l'économie commence à en pâtir.

La confrérie de Fethullah Gülen passe pour l'un des réseaux musulmans les plus influents du monde. Bien implantée dans l'économie turque et proche du gouvernement, son ombre plane sur les prochaines élections du 12 juin 2011.

La mise au pas des militaires, désormais aux ordres du pouvoir civil, est une révolution dans un pays où l'armée a depuis toujours imposé sa tutelle sur la vie politique.

La Turquie est depuis des années le théâtre d'une lutte sans merci entre deux hommes incarnant chacun une vision de l'islam politique. D'un côté, le Premier ministre Erdogan, aux affaires depuis 2003, régulièrement élu et fort d'un bilan économique impressionnant. De l'autre Fethullah Gülen, un intellectuel influent qui, depuis sa retraite américaine, étend son emprise sur les principaux rouages de l'Etat. Ce conflit où tous les coups sont permis menace la stabilité du pays.

Après la répression du mouvement de Gezi et la révélation de graves affaires de corruption impliquant le Premier ministre, les municipales du 30 mars 2014 ont valeur de test pour l'AKP.