près 1848, en France comme en Europe, une évolution considérable apparaît dans le domaine économique, social, scientifique et artistique. L'histoire de la littérature française reflète ces changements. Refusant les excès d'imagination d'un certain romantisme, dont pourtant ils ont été nourris et marqués esthétiquement, frappés par les progrès constants des sciences et des techniques, des écrivains choisissent avec fracas d'autres voies. La peinture montre le chemin à la littérature, et leurs combats seront longtemps communs. Courbet a commencé la bataille et scandalisé les bien-pensants, accoutumés à des conventions surannées. Nouveaux sujets empruntés à la vie la plus quotidienne, nouvelles manières de les traiter, souci d'observation et de fidélité à la nature humaine, les romanciers réalistes rejoignent les peintres. Bientôt, la volonté de rendre compte du réel ira jusqu'à rivaliser avec le savant dans son laboratoire. Par delà les étiquettes habituelles, demeurent les interrogations fondamentales. Le respect scrupuleux de ce qui est perçu, la fidélité absolue à ce qui est révélé du monde sont-ils possibles ? Plus encore, l'art ne trouve-t-il pas justement sa place dans les choix qu'opère l'artiste parmi les éléments que lui offre la réalité ? Ne consiste-t-il pas à sélectionner en fonction d'une intention et à faire entendre une voix irremplaçable par le biais de l'écriture ? Existe-t-il un roman réaliste, des romanciers réalistes à part entière ? En quoi consiste le naturalisme d'un Zola ou d'un Maupassant ?