La présence, écrasante et sublime, des cathédrales qui se répandent dans toute l'Europe médiévale demeure pourtant faussement familière. Historiens et archéologues travaillent toujours à percer leurs mystères et à comprendre les intentions de leurs bâtisseurs. L'idée qu'elles puissent être une Bible pour les pauvres, une prédication silencieuse à l'usage des masses analphabètes, a ainsi vécu. On estime désormais qu'elles visaient moins à instruire qu'à frapper les sens de ceux qui en franchissaient le seuil. Un programme auquel participait leur polychromie, dont l'ampleur est révélée par les technologies modernes. Ces dernières permettent aussi de sonder les structures dans les moindres détails et d'en découvrir les secrets de fabrication, de faiblesses inattendues en innovations insoupçonnées. Méconnus aussi les débordements passés des cathédrales, cette vie païenne tapageuse qui se jouait en permanence en marge de la liturgie, avant que la Contre-Réforme n'invente l'atmosphère de recueillement austère que nous leur connaissons. Sommaire. Huit idées reçues. Les cathédrales en chiffres. A tâtons vers la lumière. La cathédrale de Beauvais, péché d'orgueil ? Un gouffre financier ? L'argent des cathédrales. Des motifs pour croire. Les images, côté obscur. Des nombres et des formes cachés dans la pierre. Un patrimoine en technicolor. Désordre et tapages sous les voûtes. "Il n'existe pas un temps mais des temps des cathédrales", entretien avec Yann Codu.