A la suite de plusieurs crises et événements très médiatisés au cours des trois dernières décennies, les thématiques de prévention ont gagné l'espace public. Cette émergence provoque la multiplication des discours, d'une part, au sein desquels la notion de prévention côtoie de plus en plus celle de risque et, d'autre part, pour lesquels les stratégies de communication sont de plus en plus affinées. Désormais, les politiques de prévention sont devenues un élément constitutif non seulement de la vie sociale mais aussi de la vie politique. La prévention apparaît alors comme l'instrument par lequel la société moderne apprend à maîtriser puis à gérer des risques. Ainsi, la prévention puise et trouve sa justification dans et pour l'intérêt général. Il est alors attendu qu'elle promeuve un comportement dit « normal » ou (à terme) qu'elle modifie un comportement dit « à risque », ce qui pose le problème de l'édiction de normes. Les grandes campagnes nationales sont la manifestation la plus visible de cette publicisation de la prévention. Leur production, leur diffusion et leur réception révèlent des enjeux complexes, aussi bien économiques, politiques, scientifiques que sociaux. L'objet de ce dossier est précisément de proposer des pistes de réflexion pour (re-)penser la prévention et ses mutations, en favorisant une approche interdisciplinaire.