Guy Hermet, politologue, spécialiste des populismes et de l'histoire de la démocratie
Bulletin : <>Nouvel économiste 1860 - mars 2017
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2 p. / p. 20-21
"La panique règne à bord du bateau politique, aussi bien parmi ceux dont le métier consiste à se faire élire que chez ceux qui sont priés de les élire, mais qui n'ont plus envie du tout de le faire", analyse le politologue Guy Hermet, qui prend ainsi toute la mesure de la crise politique que traversent les démocraties occidentales. "Ce qui est en train de se produire en Europe et en Amérique du Nord est une remise en cause frontale de la démocratie, ayant de fortes chances d'être non pas éphémère, mais durable" poursuit le professeur. Or pour saisir cette réalité nouvelle, les catégories d'analyse usuelles sont dépassées, insiste-t-il. "On parle encore de menace populiste comme on le faisait depuis une vingtaine d'années, alors que cette dénonciation récurrente permettait en réalité de refouler un électorat populaire au placard" juge-t-il ainsi. Le mot même de "crise" pour décrire la situation est pour sa part inapproprié et piégeux : "Il laisse accroire que ce que nous vivons n'est qu'un mauvais moment à passer. Les crises ne sont-elles pas d'ordinaire passagères, avant que tout ne rentre dans l'ordre ? ". Illusion trompeuse : "la situation est bien plus redoutable, elle s'est même complètement transformée".