Michael Nyman, une musique virtuelle
Bulletin : Art press 464 - mars 2019
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pp.32-36
L'un des musiciens contemporains parmi les plus célèbres, Michael Nyman a aussi gagné sa réputation auprès des amateurs de cinéma en raison de ses collaborations avec Jane Campion et surtout Peter Greenaway. Très récemment, il a écrit la musique du documentaire, "McQueen", de I. Bonhôte et P. Ettedgui, doublement nominé au BAFTA (sortie en salles, 19 mars 2019). Mais tous les amateurs de sa musique savent-ils qu'il est lui-même auteur de films remarquables ? Le dernier d'entre eux, montage à partir d'articles de la Première Guerre mondiale, était présenté en novembre 2018, salle Pleyel à Paris, lors d'une projection concert, "War Work: 8 Sangs With Film". Rendez-vous pris à cette occasion. Jouant élégamment avec la résurgence d'un passé musical européen, entre ironie du simulacre et émotion vraie, Michael Nyman s'est imposé très vite - dès la seconde moitié des années 1970 - comme l'un des cousins du Pierre Ménard des "Fictions" de Jorge Luis Borges ; un cousin qui, toutefois, ne laisserait pas ses emprunts intacts ! Il s'est ensuite distingué grâce à une autre spécificité : celle d'une interprétation extrêmement dynamique de sa musique qui renforce les images sonores initiales, refuse la nature éphémère des sons et retient le temps à la manière des arts visuels.