Le projet européen est aujourd'hui en panne d'un grand récit à même de le justifier. L'épuisement de ce qu'on peut appeler le "récit européen", celui qui a accompagné les cinquante premières années de la construction de l'Union sans cesse plus étroite entre les peuples de l'Europe, s'est soldé depuis une décénnie par un retour en force du récit national, lequel n'offre lui non plus qu'une réponse insuffisante aux recompositions que provoque le processus d'intégration européenne (I). Dans ces conditions, l'effort de pensée à réaliser consiste à saisir ensemble les deux substrats politiques auxquels puise le projet européen : le demos européen, virtualité en gestation, n'a pas vocation à se substituer aux demoï nationaux, réalités pérennes. Si bien que penser la légitimité démocratique de l'UE suppose de parvenir à articuler ensemble ces deux substrats, et ce dans le cadre d'une forme politique elle-même ambivalente (II)