L'obstacle de Dublin levé, le temps presse pour faire entrer en vigueur le nouveau traité. Les plus optimistes, dont la France, échafaudent des projets. Un peu vite ?

Retour en force, en 2015, des sentiments souverainistes et protectionnistes en France et Europe, sous l'effet de multiples événements économiques et politiques tels que la crise grecque ou bien la crise des migrants en provenance de Syrie. Un euro-scepticisme et une vision de l'Etat-nation qui font de plus en plus d'adeptes, y compris chez les intellectuels, mais qui se heurtent aussi à un manque de crédibilité faute de propositions concrètes et organisées.

A voir la zone euro tomber de Charybde en Scylla, faut-il conclure que l'euro est condamné ? Certains estiment que les eurosceptiques ont gagné et demandent des comptes aux partisans de la monnaie unique.

Après sa victoire aux élections de mai 2015, le Premier ministre britannique, David Cameron, a annoncé qu'il souhaitait tenir un référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne (UE). Depuis, la menace d'un Brexit, c'est-à-dire l'hypothèse d'une sortie de la Grande-Bretagne de l'UE, agite les esprits. Lors du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE en février dernier, David Cameron a réussi à obtenir un certain nombre de concessions de la part des 27 autres Etats membres. Seront-elles suffisantes pour inciter les électeurs à voter en faveur du statu quo ?

L'incertitude ouverte par le divorce de Londres avec l'UE fat figure de repoussoir, tandis que l'eurosceptiques italien Beppe Grillo crée la confusion en tentant de s'allier avec les libéraux fédéralistes

Que les Britanniques plient bagage ou qu'ils décident de rester dans l'Union, les partisans de chaque camp, des libéraux aux indépendantistes en passant par les candidats à l'UE, redoutent les réactions en chaîne.

Le projet européen est aujourd'hui en panne d'un grand récit à même de le justifier. L'épuisement de ce qu'on peut appeler le "récit européen", celui qui a accompagné les cinquante premières années de la construction de l'Union sans cesse plus étroite entre les peuples de l'Europe, s'est soldé depuis une décénnie par un retour en force du récit national, lequel n'offre lui non plus qu'une réponse insuffisante aux recompositions que provoque le processus d'intégration européenne (I).