Martin Ritt, "Edge of the City"
Bulletin : Positif 712 - juin 2020
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Numéros de page :
pp.76-77
Dans une gare de fret, au bout de New York, le corps d'un docker, blessé, gît dans les bras d'un ami. Dans un film hollywoodien, deux hommes ne se tiennent jamais si près ni si tendrement. Des mots urgents s'échangent, une main agrippe une épaule, pour retenir la vie qui voudrait s'échapper. Ils sont en sueur, tête contre tête, et une bouche effleure des boucles crépues, car l'un de ces hommes est blanc, l'autre noir. Dans une production MGM de 1957, normalement, ce plan était impossible. Il rend à lui seul fascinant le tout premier film, si méconnu, de Martin Ritt. Méconnu même... de son éditeur vidéo français, LCJ éditions, spécialiste du théâtre de boulevard et de la série télé ("Joséphine, ange gardien"), qui ressort "Edge of the City" sans sembler avoir conscience de la pépite qu'il détient. Pas l'ombre du début d'un bonus et une faute d'orthographe en grosses lettres sur la jaquette, où Sidney Poirier se prénomme "Sydney".