Immunité partout, humanité nulle part. Et si l'on battait le capitalisme sur le terrain du désir ?
Bulletin : Revue du crieur 20
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Numéros de page :
pp.4-31
Que veut dire être vivant.e en 2022 ? Etre vivant, et pas uniquement parce que l’on fait partie de ceux et celles qui ont pu traverser cette période de covid. Etre vivant, alors qu’un quart des jeunes pensent souvent au suicide, que les vieux et les vieilles sont maltraités dans des institutions mouroirs, que beaucoup s’épuisent au travail afin de pouvoir payer des loyers exorbitants dans des zones surpeuplées et polluées, que l’extrême droite reprend partout de la vigueur, etc. On s’essouffle, on se recroqueville, on hiberne dans nos « technococons en fil de soi(e) ». Le grand auteur de science-fiction Alain Damasio a une intuition. Etre vivant, nous dit-il, c’est se confronter à ce qui n’est pas soi, être traversé par l’altérité, comprendre que l’obsession immunitaire du corps social — surtout ne pas se frotter à d’autres manières de parler, de manger, de prier, d’aimer, de lutter — délite les liens, détruit les collectifs, nous fait perdre notre humanité. Alain Damasio ne nous propose pas ici une démonstration, mais nous invite dans le « labyrinthe rhizomatique de ses neurones éparpillés » et arpente les zones complices, celles qui aident à penser des horizons plus désirables que la perspective dystopique qui s’offre à nous. Une exploration politique et littéraire en douze chapitres.