L'Argent, maître invisible
Bulletin : Esprit 456 - août 2019
Numéros de page :
pp.33-45
On voudrait que le riche ne pense jamais à l’argent, puisqu’il en a et que, grâce à cette dispense, la liberté lui est offerte, par-dessus le marché ; on voudrait que le pauvre, au contraire, y pense tout le temps, puisqu’il en manque. Grossière illusion née d’une incompréhension mutuelle et qui incline encore plus fortement les individus à rompre le lien social et à s’agglomérer par catégories socio-économiques en redistribuant l’espace urbain par tranche de salaire. Que doit être la puissance de l’argent pour couper de la sorte l’homme de l’homme et placer chacun vis-à-vis de l’autre dans une situation matérielle de base qui les empêche de se comprendre ? Car avec de telles prémisses, on se demande pourquoi le riche s’enrichirait et pourquoi le pauvre s’en trouverait incapable. Certes, on ne prête qu’aux riches et l’argent va à ceux qui en ont déjà, mais il faut bien qu’ils l’aient désiré. La loterie comme manne tombée du ciel n’est que la consolation du démuni. Il faut bien aussi que le pauvre n’y pense pas pour si peu connaître les moyens d’en gagner. C’est un luxe qu’il ne peut s’accorder. Le temps lui manque ; il a déjà trop à faire : il travaille. Sommaire. LA DEMATERIALISATION DE LA MONNAIE. La communauté bitcoin. Le désirer toujours, ne l'aimer jamais. Parler d'argent. LA CRISE DE 2008 OU UN SEISME SANS VAGUES. La vraie nature du mercantilisme contemporain. Une nouvelle crise financière ? La valeur de l'argent. POLITIQUE ET ECONOMIE. La richesse et la justice. John Rawls et l'économie politique. L'argent et la corruption des valeurs. Sur le site Cairn : utiliser la navigation article par article pour consulter l'intégralité du dossier.