Crise et nationalisme en Inde
Bulletin : Esprit 460 - décembre 2019
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pp.14-18
Au printemps 2019, le Premier ministre indien sortant, Narendra Modi, avait en partie dû sa réélection à la fièvre nationaliste dont le pays avait été le théâtre à la suite de l’attentat islamiste de Pulwama (Jammu-et-Cachemire) de février et aux frappes aériennes visant le Pakistan (où l’attentat en question aurait été fomenté) qui s’en étaient suivies. Six mois plus tard, la crise économique – qui, sans cet épisode d’hyper-nationalisme, aurait privé Modi de bien des suffrages – s’est brusquement aggravée, remettant le nationalisme hindou au goût du jour, suivant une dialectique désormais bien rodée. La crise économique, dont l’ampleur avait été masquée pendant la campagne électorale par le gonflement artificiel du taux de croissance et par le report de plusieurs annonces statistiques (dont les chiffres du chômage), s’explique par la congruence de facteurs structurels et d’éléments conjoncturels parfois difficiles à démêler.