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Nos Données de santé sont-elles bien protégées ?

Numéros de page :
pp.18-19
A peine évoquée, l'application StopCovid avait déclenché un tollé : nos libertés étaient menacées, notre vie privée serait à la merci du premier internaute venu. Pourtant, son usage n'est que facultatif : que dire alors du Health Data Hub (HDH) ? Sous ce nom barbare se cache une plateforme recensant les données médicales des Français, d'une ampleur inédite : les informations liées à tout acte remboursé par l'assurance-maladie, mais aussi celles des hôpitaux, de centres spécialisés ainsi que du dossier médical partagé des patients, entre autres. Cette mégabase, ouverte aux chercheurs et aux informaticiens, a été officialisée il y a déjà un an par la loi santé du 24 juillet 2019, sans provoquer alors d'émoi à part chez quelques initiés. Pourquoi pas, s'il s'agit de développer la recherche médicale ? Mais à condition que ces données soient parfaitement sécurisées. C'est là que le bât blesse. L'accès à ces informations pourra en effet être autorisé à des acteurs privés. Surtout, l'hébergement du HDH a été confié, sans appel d'offres, fin 2019, à Microsoft. Et, le 21 avril dernier, un arrêté a élargi la collecte de données du HDH à des projets liés au coronavirus. Une quinzaine d'associations ont saisi le Conseil d'Etat. En vain. Malgré les réserves émises par la Commission nationale Informatique et Libertés (Cnil), le Conseil n'a émis qu'une recommandation : le HDH devra détailler ses méthodes à la Cnil et mentionner sur son site "le possible transfert de données hors de l'Union européenne, compte tenu du contrat passé avec son sous-traitant". Pas vraiment de quoi rassurer...