Faut-il croire à la résurrection de l'OTAN ?
Bulletin : Futuribles septembre 2022
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pp.107-115
Les 29 et 30 juin dernier, l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) a réuni, à Madrid, les chefs d’État et de gouvernement des pays membres et de ses principaux partenaires. Au cœur des discussions figurait l’examen des défis de sécurité actuels et à venir, particulièrement importants dans le contexte de la guerre Russie-Ukraine, mais aussi l’adhésion de deux pays européens jusqu’ici neutres, la Finlande et la Suède. Alors que l’OTAN passait pour moribonde depuis quelques années, en particulier lors de la présidence Trump aux États-Unis, les évolutions géopolitiques et stratégiques en cours seraient-elles en train de changer la donne et de redynamiser l’Alliance atlantique ? C’est en partie le cas, comme le montre cette chronique européenne, mais ce regain d’intérêt et de dynamisme de l’OTAN ne doit pas masquer un certain nombre de questions pour l’heure non résolues. Quelle est la réelle capacité de dissuasion de cette alliance ? Élargie à de plus en plus de pays qui ne sont pas tous également pourvus sur le plan militaire, est-elle vraiment en mesure et prête à défendre tous ses membres au moindre incident ? Un tel élargissement ne risque-t-il pas d’aggraver les tensions avec la Russie ? La Turquie (et son régime autoritaire) demeure-t-elle légitime dans une alliance qui prône la défense de la démocratie ? Face à ces multiples questionnements, l’Union européenne n’aurait-elle pas intérêt à renforcer substantiellement sa propre politique de défense et de sécurité ?