Aller au contenu principal

La Politique de la Banque de France au sortir des Trente Glorieuses

Auteurs
Numéros de page :
28 p. / p. 147-174
Cet article étudie l'évolution de la politique du crédit menée par la Banque de France à partir des réformes bancaires de 1966 jusqu'à l'arrivée au pouvoir du Parti socialiste en 1981. Cette évolution constitue la genèse des politiques de libéralisation financière et monétaire de 1984. A partir de la fin des années 1960, des réformateurs libéraux tentent de mettre fin à l'intervention de la Banque de France dans l'allocation du crédit, c'est-à-dire de rendre la politique monétaire plus neutre dans le cadre d'un système financier où la libre concurrence et les prix orientent l'allocation. Ceci passe par la création d'un marché monétaire, par la fin de la « sélectivité du crédit » et par l'adhésion aux principes de financement du Plan devenu lui-même plus libéral. Les réformes mises en place à partir de 1971 pour favoriser l'allocation par le marché sont avortées dès 1973 mais ce retour en arrière renforce les critiques du système existant et de ses « effets pervers » sur la croissance et le contrôle de l'inflation. Parallèlement, le ciblage de la masse monétaire est mis en place pour des raisons différentes des principes monétaristes et alors même que la Banque de France considère de moins en moins la croissance monétaire comme un facteur inflationniste. En nous concentrant sur l'analyse des arguments et discours, nous montrons que ce processus s'effectue dans un cadre national peu influencé par les débats étrangers et qu'il ne peut pas se comprendre à partir de l'opposition entre keynésianisme et monétarisme communément invoquée pour expliquer ce basculement. Il s'agit principalement d'une évolution qui tend à « désencastrer » la politique monétaire de la politique du crédit.