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De la ville au territoire et au-delà

Numéros de page :
23 p. / p. 131-153
Cet article étudie le cas de la principauté de Mayence dans la seconde moitié du XVIIIe siècle pour éclairer la dimension spatiale de la régulation économique. Dans cette ville, la corporation des merciers et la guilde des marchands défendent un idéal de répartition égale dans l'espace urbain des boutiques, idéal qui est largement partagé par les autorités de l'électorat, mais qui est perturbé par la présence de colporteurs et de commerçants juifs. A une échelle plus petite, les marchands du Handelwand défendent leurs revendications en soulignant une opposition nette entre l'intérieur (le territoire électoral) et l'extérieur (les autres États dans l'Empire et en Europe). Si cette opposition répond aux objectifs de la politique économique du gouvernement, elle ne correspond pas aux pratiques commerciales de ces marchands dans lesquelles le territoire occupe une position mineure. La frontière représente pour eux une ressource institutionnelle et économique qui fonde leur profit et légitime un privilège les protégeant contre la concurrence des marchands étrangers. Si les demandes des corporations marchandes de Mayence sont souvent suivies par le gouvernement, des différends apparaissent à la fin du XVIIIe siècle quand les autorités utilisent le privilège comme un outil non de protection des marchands locaux mais de stimulation de la concurrence Ces tensions révèlent fondamentalement que milieux marchands et autorités défendent ainsi deux conceptions de l'espace économique qui sont largement antagonistes.