L'Entente et le marché
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36 p. / p. 120-145
Depuis les travaux d'Albert Aftalion, il est couramment admis que, dans l'industrie textile française, le supposé individualisme des entreprises familiales et la variété des productions auraient limité la formation d'ententes, tout au plus organisées sous la forme de cartels peu contraignants, éphémères, impuissants, et à vocation défensive et conservatrice. Ces affirmations qui, pour le Nord, font abstraction des tendances permanentes à la coopération des groupes familiaux, sont démenties par l'exemple du Syndicat des peigneurs de laine. Reconstitué en 1881 sous la forme d'une ℗ mutualité des peigneurs du Nord de la France ®, il devient en 1895 une association en participation réduite à ceux de Roubaix-Croix-Tourcoing. L'inflation et la complexification de sa réglementation, et sa polyvalence croissante, traduisent la recherche d'une solidarité toujours plus grande entre ses membres. Or le discours de légitimation de l'entente, fondée sur la restauration de la ℗ bonne concurrence ® et sur sa fonction conservatrice, n'est que l'alibi de sa double fonction de concentration. D'une part, le cartel mène trois campagnes de destruction des peignages, y compris contre certains de ses membres. D'autre part, l'entente est un jeu de dupes qui a profité à ses membres les plus puissants.