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Le Triomphe d'Honorius et le châtiment d'Attale

01 octobre 2017
Auteurs
Numéros de page :
pp.739-774
Le triomphe d'Honorius sur l'usurpateur et ancien sénateur Attale a probablement été célébré en 417, année du consulat du Patrice Constance (qui venait d'épouser la demi-sœur d'Honorius et veuve d'Athaulf Galla Placidia), sans doute en présence de Constance et de Galla et avec le parcours "sécularisé" depuis Constantin. Il a été marqué par un châtiment sans précédent infligé à l'usurpateur, l'amputation de deux doigts de la main droite. Mais la vie de celui-ci a été épargnée, ce qui s'inscrit dans la politique de clémence et d'union d'Honorius. Le triomphe ne peut célébrer une victoire militaire sur Attale mais l'exhibition de celui-ci symbolise le renouveau de l'Empire et de la Ville de Rome, la restauration de celle-ci et sa croissance démographique. Ce renouveau n'est pas le fait du "triomphateur" Honorius, qui ne fait que le mettre en scène, mais est dû, pour l'Empire à Constance, et pour la Ville à l'aristocratie sénatoriale. Le triomphe permet à Honorius de reconnaître et de soutenir la part de cette aristocratie dans ce renouveau. Il vise aussi à effacer le souvenir du sac de 410 et celui du mariage de Galla Placidia et d'Athaulf en 414, auquel Attale avait assisté, et qui, pour certains chrétiens, avait eu valeur de signe apocalyptique. L'union de Galla Placidia et d'un chef barbare aurait pu être porteuse d'un nouveau destin de l'Empire. Constance, célébré la même année par Rutilius Namatianus comme "l'unique sauveur du nom latin", apparaît comme l'homme fort du moment et l'incarnation du salut de l'Empire, en contrepoint à lui seul à la fois du "traître" Stilicon et de l' "époux barbare" Athaulf.