Les Savoirs religieux à l'épreuve de la première mondialisation
Bulletin : Diogène 256 - octobre 2016
01 octobre 2016
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Numéros de page :
16 p. / p. 51-66
Nombre d'historiens s'accordent depuis quelques années à voir dans les débuts de la période moderne une première mondialisation que caractériseraient plusieurs processus qui s'entrelacent, se confondent et parfois se parasitent, des formes de globalisations incomplètes et pourtant rapides, des aspirations universalisantes dissemblables mais qui se confortent en partie les unes les autres. D'un côté, le choc des grandes découvertes, de la circumnavigation de l'Afrique, de la mutation des savoirs géographiques qui suscitent une circulation sans précédent des biens et des hommes, du tabac aux esclaves, en passant par les métaux précieux et les épices, mais conduisent tout aussi brutalement à la production en nombre inédit de cartes, de planisphères, de globes, en un mot d'instruments de rassemblement et de classement du savoir d'une précision croissante. De l'autre, le projet missionnaire de l'Eglise romaine qui fait de cette ouverture du monde l'occasion et l'instrument d'une ambition évangélisatrice que la confrontation avec l'Empire Ottoman ou la fracture religieuse de l'Europe à partir de la révolte de Luther ne viennent pas freiner, bien au contraire.