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La Révolution de 1411 à Iôannina : comment interpréter la Chronique des Tocco ?

01 janvier 2018
Numéros de page :
pp.23-58
La cité byzantine de Iôannina constitua de 1367 à 1430 un Etat indépendant gouverné par un souverain portant le titre de despote. La succession, théoriquement héréditaire, était en pratique élective. C'est ainsi qu'en 1411, peu après la mort du despote Esau Buondelmonti, son jeune fils Georges et sa veuve Eudocie Balšić furent proclamés respectivement despote et régente, avant d'être chassés au profit de Carlo Tocco, comte de Céphalonie et neveu d'Esau. Cette révolution s'explique par des raisons politiques et stratégiques : originaire de la seigneurie de Valona, alors en déclin, Eudocie ne bénéficiait ni de soutiens au sein de Iôannina contre ses ennemis politiques, ni d'alliés stratégiques contre les chefs albanais qui menaçaient la ville, tandis que Carlo, qui disposait de troupes puissantes et avait fait ses preuves en tant que chef de guerre, était considéré par l'élite de la ville comme mieux à même de la défendre. Or, ces raisons étaient officiellement inavouables, puisqu'elles contrevenaient au principe de succession héréditaire. L'article utilise les informations fournies par la Chronique des Tocco, ouvrage à la gloire du nouveau souverain, afin de déterminer les véritables raisons de la révolution, de mettre au jour le réseau plus ou moins clandestin qui permit le changement de régime et enfin de montrer en quoi cette source partisane ne se contente pas de raconter ce dernier mais cherche à le justifier, en évitant soigneusement de comparer les légitimités respectives de Georges et de Carlo, au profit d'un récit opposant les mérites de Carlo aux turpitudes de la régente Eudocie.