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La Relégation des pauvres

01 décembre 2010
Numéros de page :
35 p. / p. 35-69
Hausse constante des loyers dans les grandes métropoles, opérations menées par les pouvoirs publics et les promoteurs pour supprimer tout ce qui leur semble nuire au prestige d'une cité, disparition de formes de logement destinées aux populations nomades ou précaires, habitat social insuffisant : les classes populaires subissent une force centrifuge impitoyable. Même la turbulente Marseille voit son centre-ville peu à peu vidé de ses indésirables. La logique de l' ℗entre-soi®, qu'elle soit recherchée, subie ou acceptée comme une fatalité,gagne irrésistiblement du terrain : riches et pauvres ne se côtoient plus ; le creusement des inégalités se traduit crûment dans la répartition de l'espace. Avec le danger que cette ségrégation, en interdisant à l'oeil d'embrasser les différentes composantes qui font une société, empêche aussi l'esprit de saisir les rapports de forces qui s'y déploient. A Paris, si la municipalité a relancé la construction de logements sociaux, elle le fait selon une conception bien particulière de la mixité sociale, et ne parviendra sans doute pas à atteindre les 20% requis par la loi avant la fin du second mandat de M. Bertrand Delanoë, en 2014. Autant que dans un lieu physique, les banlieues françaises sont enfermées dans des représentations qui prétendent en faire la source de leurs propres difficultés - et donc, pour peu qu'elles y mettent la dose suffisante de ℗bonne volonté ®, de leur propre salut.