L'Ame est à Dieu et l'honneur à nous
Bulletin : Revue historique 654 - avril 2010
01 avril 2010
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35 p. / p. 361-395
Dans l'Esprit des lois, Montesquieu établit que l'honneur est principe du gouvernement monarchie. Souvent, ce postulat a été considéré comme l'expression d'une nostalgie aristocratique. Or la culture de l'honneur n'est pas restée l'apanage exclusif des duellistes ou des gentilshommes malcontents. Elle a été partagée par l'ensemble des individus de la société d'ancien régime. L'honneur, en effet, est une équation personnelle par laquelle un individu définit ce qu'il doit aux autres et ce que les autres lui doivent. En ce sens, ce principe ne forme pas un système inerte, mais constitue bien une pratique sociale par laquelle un individu affirme son adhésion à un ensemble de codes et de valeurs formant une identité collective, dont il se proclame l'incarnation et le juge souverain. En ce sens, le sentiment de l'honneur a contribué à l'émergence de l'individu dans le cadre d'une société d'ordres et de privilèges.