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Entre le chapitre cathédral et l'hôtel-Dieu de Paris

01 juillet 2011
Numéros de page :
34 p. / p. 527-560
Le 11 juillet 1497, l'incarcération de Jean le Fèvre, maître de l'hôtel-Dieu de Paris, par les chanoines de Notre-Dame fait entrer le conflit qui oppose ces deux parties dans une phase aiguë, et ce, dans le contexte de la réforme que le chapitre veut imposer à la communauté religieuse en charge de l'établissement d'assistance. Cette mesure est exceptionnelle au regard des autres cas d'emprisonnement recensés, qui sont rares - même s'ils tendent à augmenter à partir de la fin du XVe siècle -, d'autant qu'elle touche le plus haut responsable de l'institution. Elle est officiellement motivée par la mauvaise tenue de ses comptes, suspects, selon les chanoines, de receler des fraudes qui sont autant de preuves de propriété, indice majeur de « déformation » du religieux hospitalier traqué par les chanoines réformateurs. L'emprisonnement du maître provoque chez le personnel une colère qui dure après sa libération sur ordre du Parlement, car il reste destitué. L'hostilité des chanoines à son égard ne tient pas à sa personnalité, effacée, puisqu'il n'a posé aucun problème les quelque quarante-cinq ans qu'il a déjà passés à l'hôtel-Dieu. Elle s'explique davantage par les conditions de son accession à la maîtrise. Il y a été plébiscité en 1482 par le personnel consulté selon des modalités de vote que l'on voit s'élaborer et se préciser tout au long des XIVe et XVe siècles, dans le sens d'un poids toujours plus grand de la communauté hospitalière au détriment de l'initiative capitulaire qui était la seule instance de nomination prévue par les statuts rédigés au début du XIIIe siècle. Il est donc moins le relais du chapitre que l'émanation de la communauté saignante. Fort de son soutien, il en vient à incarner la résistance de celle-ci aux mesures réformatrices, si bien que les chanoines sont contraints de le rétablir.