Entretien avec Pietro Marcello
Bulletin : <>Avant-scène cinéma 634 - juin 2016
01 juin 2016
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Numéros de page :
4 p. / p. 136-139
Avec "Bella e perduta", Pietro Marcello invente une forme cinématographique en acceptant le hasard. Il préparait un documentaire sur Tommaso Cestrone, simple berger qui protégea héroïquement de la Camorra un palais du XVIIIe siècle dans la région de Caserta, près de Naples. Le tournage fut interrompu par la mort brutale de celui-ci à 48 ans, le jour de Noël 2013. Marcello imagina alors qu'un bufflon promis à l'abattoir, sauvé par Cestrone, était recueilli par un Polichinelle sorti des entrailles de la terre, intermédiaire, comme jadis, entre les morts et les vivants. Le résultat est un des films les plus émouvants et les plus beaux qu'on ait vu depuis longtemps : images splendides, magie, présence réelle des animaux devenus les égaux des hommes, dénonciation subtile et bouleversante de la criminalité organisée, de la destruction du patrimoine, de l'oubli de la nature et de sa beauté. Ni documentaire, ni fiction, une synthèse politique, poétique et mythologique, qui en dit plus sur le monde contemporain et le cinéma que tous les discours du moment.