Infidèle à chacun des récits qui le disent, le mythe est ouvert à tous les supports, suscitant les réécritures et appelant l'interprétation. Comme d'une matière métamorphique, on se saisit de lui pour le remodeler. Mais il est aussi historique : la pluralité de ses significations se conjugue avec les passions d'une époque. C'est sans perdre de vue les affinités électives entre mythe et Histoire que Marcello Massenzio interroge l'oeuvre de Chagall : l'anthropologue se fait historien de l'art. Son essai magistral, dernier volet d'un triptyque, situe les relectures du mythe du Juif errant dans une philosophie de l'Histoire et dans une tradition picturale attachée à la mélancolie.