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Cîmes blanches, rêves noirs

01 février 2023
Numéros de page :
pp.44-45
Danseur, acrobate, alpiniste, Thomas Salvador est aussi et surtout un acteur-réalisateur désormais bien identifié (une véritable saga de courts métrages et un éclatant premier long, "Vincent n'a pas d'écailles", en 2014), que son entêtement et sa singularité ont placé dans une rare lignée burlesque du cinéma français - à la manière d'un fantôme de Tati ou d'un cousin d'Albert Jeanjean, le personnage inventé par les frères Podalydès, en plus acharné et comme exilé aux confins de la société. Il ne faut d'ailleurs pas se méprendre devant cette impression nouvelle d'ampleur et de vertige des grandeurs qui irradie "La Montagne", son second long métrage, tourné entièrement sur les hauteurs de Chamonix à l'heure du confinement général : celle-ci doit à l'évidence beaucoup plus à une obsession redoublée de cet étrange sportif des marges qu'est Salvador pour le défi (physique, technique, économique) et à son goût réaffirmé pour une forme d'isolement radical qu'à une quelconque volonté de s'intégrer aux formes et aux structures d'une production plus luxueuse qu'à son tour.