Le Virus dans la cité
Bulletin : Esprit 464 - mai 2020
01 mai 2020
Numéros de page :
pp.37-41
Il y a quelques semaines, le temps s’est arrêté. Etait-ce lors du premier discours d’Emmanuel Macron à la mi-mars, annonçant la fermeture des écoles tout en évitant soigneusement le mot de confinement ? Un peu plus tôt peut-être, lorsque les mauvaises nouvelles ont commencé à revenir d’Italie, accompagnées de reportages sur des soignants éreintés ou des policiers saluant le passage de convois mortuaires sur des routes désertes ? Ou même dès le mois de janvier, lorsque les images de la Chine à l’arrêt nous avaient pétrifiés ? Difficile à présent de savoir depuis quand nous vivons dans ce temps suspendu, et surtout... jusqu’à quand. Dans certaines régions du monde, il semblerait que le pic épidémique soit passé, tandis que d’autres vivent encore dans l’attente inquiète de ce qui pourrait se produire avec une deuxième vague. Mais si l’expérience du coronavirus n’est pas synchronisée, elle est déjà universelle. Il n’existe pas d’île déserte, pas d’endroit préservé – ni de l’épidémie elle-même, ni surtout de l’effet de sidération qu’elle a entraîné dans le monde entier, captant la totalité des attentions, saturant les ondes, au point d’écraser tout le reste. Serions-nous devenus incapables de penser en dehors de l’épidémie, prisonniers de l’hypermédiatisation de celle-ci et de ses effets dans nos vies ? Sommaire. Le virus dans la cité. TOUS VULNERABLES ? Déraison de guérir. Réapprendre la maladie. La mort chez nous. La religion au temps du coronavirus. LES REGLES DE L'EXCEPTION. Le lieu du soin. Un moment d’exception. L’année du Rat de métal. L’ordre civique contre le désordre commerçant. L’imaginaire épidémique (1720, 2020). DECONFINER LES IMAGINAIRES. A l’école : que faire après le virus ? Culture vive. L’autre visage du Tout-monde. C’était au temps du grand confinement