Aller au contenu principal
couverture du document

L'Image en chemin

01 octobre 2020
Auteurs
Numéros de page :
pp.865-874
Avec "L’Imagement", Jean-Christophe Bailly aborde de front une obsession ancienne de l’image, diffuse dans son oeuvre. On la retrouve dans nombre de ses livres, creusée d’une façon chaque fois un peu différente et avec des angles d’attaque chaque fois spécifiques. On se souvient de "L’Apostrophe muette" qui interrogeait l’énigme des portraits du Fayoum, à la jointure d’« une tradition funéraire symbolique et d’une tradition picturale mimétique ». Sur un mode plus théorique et plus ambitieux, "Le Champ mimétique" proposait une généalogie non pas de l’image mais du « champ mimétique » qui conditionne l’avènement de l’image et se déploie historiquement depuis le simple plan préparé jusqu’à la scène théâtrale, voire la cité tout entière. Dans "L’Instant et son ombre ", Bailly partait du rapprochement de deux clichés éloignés presque exactement d’un siècle, la photo d’une meule de foin par W. H. Fox Talbot, dans son album fondateur "The Pencil of Nature" (1844), et celle d’une ombre humaine imprimée sur un mur par l’éclair nucléaire d’Hiroshima, prise par un anonyme de l’U.S. Air force en 1945 : dans la rime visuelle qu’il y relevait se tenait quelque chose comme une essence contradictoire du photographique, de son calme apparent et de sa violence de déflagration.