Aux origines des "Grandes Chroniques de France". Nouveaux regards sur un succès littéraire
Bulletin : Revue historique 694 - avril 2020
01 avril 2020
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pp.3-39
Cet article propose de refonder l’étude de la fortune littéraire des "Grandes Chroniques de France"aux XIVe et XVe siècles sur des bases nouvelles. Cette histoire des rois de France, l’un des ouvrages français les plus largement diffusés du Moyen Age, gagne à n’être pas considérée comme un vecteur de la propagande royale en faveur de l’affermissement du sentiment national et de la construction d’un Etat unitaire. Oeuvre née à l’abbaye de Saint-Denis et véhicule d’une vision de l’histoire propre à cette institution, les "Grandes Chroniques" apparaissent, à l’aune de l’étude d’un échantillon de manuscrits de prestige, supports de réceptions diverses et témoins de lectures parfois critiques, comme un ouvrage dont les rois ne firent jamais la promotion. Aucun exemplaire manuscrit des "Grandes Chroniques" ne se rencontre d’ailleurs dans les collections royales entre la saisie de la librairie du Louvre et la confiscation des livres de Charles de Bourbon par François Ier. Oeuvre appréciée des princes et des aristocrates qui s’en transmettaient les copies comme des symboles de leur appartenance sociale et familiale, les "Grandes Chroniques" ont trouvé des voies de diffusion vers le nord comme vers le sud du royaume. Tant l’élaboration que la diffusion et la réception des "Grandes Chroniques" sont donc à réécrire, à partir du texte tel qu’il s’est réellement transmis et des manuscrits tels qu’ils ont effectivement été reçus.