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Le |Dernier sinologue

01 mai 2021
Numéros de page :
pp.467-479
Nombreux sont ceux qui, un jour attirés par la connaissance de « la Chine », se détournent aujourd’hui du cauchemar orwellien incarné par le régime de Pékin, pour se mettre en quête de valeurs diamétralement opposées. Certains pensent les trouver dans un humanisme européen attaché à la démocratie, mais encourent alors le feu d’une critique qui les accuse, d’une part, de tenir un discours culturaliste des valeurs, faisant ainsi le jeu du pouvoir en place, et d’autre part d’ignorer les conditions objectives de l’économie mondialisée, autrement dit le fait que l’Europe comme la Chine contemporaine obéissent désormais à une seule et même logique, celle du capitalisme. Depuis une trentaine d’années, les travaux de Jean-François Billeter ont remis en question le relativisme culturel, se sont opposés avec force aux discours binaires, et ont aussi ouvert une perspective historique pour comprendre comment la Chine moderne s’était inscrite à l’intérieur du processus de domination de la raison marchande. Si, dans ces trois ouvrages, le sinologue ne remet pas en question la prégnance du grand capital sur le présent moment de l’histoire, en revanche, il paraît se retourner, lui aussi, vers une identité européenne afin de contrer la tradition politique autoritaire qu’est en train de ressusciter et d’étendre la République Populaire de Chine (RPC).