Cristian Mungiu "R.M.N."
Bulletin : Positif 740
01 octobre 2022
Auteurs
Numéros de page :
pp.6-13
Six ans après "Baccalauréat", le chef de file de la Nouvelle Vague roumaine revient avec un projet très ambitieux : une radiographie des troubles et des angoisses de l'âme humaine à l'heure de la mondialisation et des nouvelles directives économiques européennes. Inspiré d'un fait divers récent, mettant au jour la xénophobie de notre époque, R.M.N. (initiales de "résonance magnétique nucléaire", l'examen cérébral auquel est soumis le père du protagoniste) est un film-monde diffracté, lacunaire, mystérieux, complexe, au risque parfois de dérouter les spectateurs du dernier Festival de Cannes. Sollicitant sans cesse l'intelligence et la participation du spectateur, c'est l'un des sommets artistiques de son auteur, une oeuvre certes réaliste mais qui flirte avec l'irrationnel et qui culmine dans une extraordinaire scène d'agora de 17 minutes filmée en plan-séquence. Pour Mungiu, le recours à toutes les ressources de la fiction s'avère une nécessité citoyenne pour se débarrasser de nos peurs en les mettant à distance afin de penser et construire le monde de demain. Sommaire. Terreurs nocturnes, la critique du film par Jean-Dominique Nuttens. "Comprendre l'état du monde grâce à la fiction", entretien avec Cristian Mungiu par Frédéric Mercier et Yann Tobin