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Le |Huis clos

01 juin 2024
Numéros de page :
pp.96-116
Si le cinéma a, dès ses origines, pris le parti de l'extérieur, les frères Lumière plaçant leur caméra à la sortie de l'usine familiale ou sur le quai d'une gare, puis envoyant leurs opérateurs filmer des scènes de rue autour du globe, avant que les grands espaces ne soient magnifiés dans les westerns, les films historiques ou d'aventures, il a aussi, très vite, tiré parti des possibilités qu'offrent décors et objectifs pour transcender les intérieurs, des expérimentations de Méliès dans sa salle de spectacle aux comédies qui évitent le piège du théâtre filmé. Le film noir, le thriller, le film d'angoisse ont permis à des metteurs en scène de jouer sur la sensation d'enfermement, d'étouffement, de manque d'air, afin d'augmenter, pour le spectateur, l'effet anxiogène. Jusqu'à ce que des films entiers ou presque se déroulent dans un lieu fermé, privé d'issue, donnant à voir au spectateur, dans la pénombre de la salle de cinéma, des situations en théorie dépourvues de public. Le présent dossier ne prétend pas à l'exhaustivité ; sa définition un peu laxiste, par instants, du huis clos l'éloigne peut-être de la rigueur absolue. Il entend néanmoins, en parcourant l'oeuvre de deux cinéastes attachés à la sensation d'enfermement (Josef von Sternberg et Roman Polanski), et en se penchant sur deux ensembles de films emblématiques (le huis clos judiciaire et le film d'angoisse), rendre compte des passerelles qui unissent, par l'utilisation d'une figure métacinématographique et métonymique (la pellicule "enfermant" ce que le metteur en scène a capturé, le cadre délimitant l'univers, le spectateur s'isolant dans une salle ou dans son salon), des oeuvres en apparence éloignées. Film noir ou d'horreur, mais aussi comédie, western et documentaire jalonnent ainsi notre parcours d'oeuvres majeures ayant eu recours à ce procédé ; on ne s'étonnera pas que deux films emblématiques du cinéma d'angoisse, qui ont contribué à façonner l'esthétique du genre dans les quatre dernières décennies ("Alien" de Ridley Scott et "Shining" de Stanley Kubrick), y soient cités plus d'une fois. Sommaire. Pour faire le portrait d'un huis clos. Métaphores du confinement, autour du huis clos judiciaire. A la recherche du Minotaure : "Shining", "The Descent", "Alien" (Un article dont vous êtes le héros, à lire avec un dé à jouer). Guide d'un labyrinthe. L'impossible exutoire, le huis clos chez Roman Polanski. Huit x huis.