L'Union européenne, un espace social unifié ?
01 septembre 2017
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pp.12-41
La plupart des théories de la stratification sociale ont pour cadre les espaces nationaux (Wright, Goldthorpe, Esping-Andersen, Bourdieu). Si certaines nomenclatures socio-économiques sont utilisées à des fins de comparaisons internationales (comme l'EGP par exemple), elles sont très rarement appliquées à l'espace européen pris dans son ensemble. En s'appuyant sur les données de l'enquête SILC et sur une version amendée de la nomenclature détaillée des PCS, cet article s'interroge sur la possibilité de transposer le " schéma " de classes de Bourdieu au plan européen. Il montre que si la répartition de la population en trois classes – dominante, intermédiaire et populaire – selon le volume de capital est une configuration que l'on retrouve dans tous les pays européens, la division de ces classes en fractions, selon la composition du capital, est plus marquée dans les pays de l'Ouest de l'Europe. En lien avec les régimes d'Etat-providence, les pays se différencient par les distances entre classes sociales, plus grandes dans les pays inégalitaires du Sud de l'Europe et plus réduites dans les pays nordiques. Mais les écarts de niveau de revenu et de scolarité sont tels entre les différentes régions européennes que le pays de résidence est au moins aussi structurant de la position sociale au niveau européen que la profession. Autrement dit, à l'échelle de chaque pays, la classe définie par la profession reste un assez bon prédicteur de la position sociale. Il paraît cependant difficile de parler d'un espace social européen unifié.
Note Générale : Fait partie d'un dossier de 7 articles intitulé "Des classes sociales européennes ?".