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Les Enjeux de la mémoire chez les historiennes des femmes, 1970-2001

01 juin 2018
Numéros de page :
14 p. / p. 12-25
Les féministes ont très tôt formulé l'idée selon laquelle la marginalisation du féminin dans l'histoire participe de la marginalisation des femmes au présent. Ainsi, dès le XIXe siècle, des militant-e-s de l'égalité, s'appliquent à remédier à ce que Natalie Zemon Davis appelle "les silences patriarcaux du passé" en conservant des traces de leurs actions, en commémorant des événements et figures du passé et en s'essayant à l'écriture de l'histoire, celle des femmes notamment. Cependant, la discipline historique qui se professionnalise à cette période exclut les historiennes des cercles historiographiques, renvoyées à un prétendu amateurisme féminin. Jusqu'au milieu du XXe siècle, cette construction masculine de la discipline historique conduit à une occultation de la dimension sexuée des phénomènes étudiés. En France, à la fin des années 1960, le contexte institutionnel change : au moment même où les mobilisations féministes connaissent un regain d'activité et de visibilité dans l'espace public et stimulent la demande sociale en connaissances sur le passé des femmes, l'université et la discipline historique se transforment. Cette période, marquée par l'avènement de ce qu'on a appelé la "nouvelle histoire" - courant historiographique porté par la troisième génération de l'Ecole des Annales et centré sur l'"histoire des mentalités" - s'avère particulièrement favorable à la construction des femmes comme objet d'études. Dans les années 1970, des enseignements et des groupes de recherche spécialisés dans l'histoire des femmes se créent au sein des institutions de l'enseignement supérieur et de la recherche.