Faire comme l'aristocratie ? Le placement des majordomes chez les nouvelles fortunes
01 décembre 2019
Auteurs
Numéros de page :
pp.92-107
"Qu’est-ce que le service d’un-e butler" : "Monsieur, le service d’un-e butler est un service, avec de la passion, de l’engagement, de l’énergie et des compétences techniques !" répètent tous les matins à 8 h précises les élèves de la "Butler Academy" sud-africaine devant M. Red, avant de commencer leur journée dans la villa où elles et ils effectuent leurs deux mois de formation intensive. Au programme ce lundi : leçon de ménage et nettoyage de l’argenterie, exercice d’agilité avec un plateau rempli de verres à pied, cours sur le service à bord d’un yacht privé ; puis départ pour la visite d’un domaine viticole avec dégustation des meilleurs crus. De retour à la villa, M. Red commente la journée devant une rangée d’apprenti-e-s "butlers" en uniforme, aligné-e-s par ordre croissant de tailles : "Ne vous couchez pas trop tard ce soir, car demain, c’est votre jour. À demain." Quelques instants après le départ de M. Red, Ntatu, avec qui je partage une chambre, est déjà allongée sur son lit, son classeur à la main : demain matin a lieu la grande évaluation qui porte sur tout ce qu’elle a appris depuis six semaines. Cette école située en Afrique du Sud fait partie d’un ensemble de 14 établissements qui se qualifient de "Butler Academies", et qui ont ouvert leurs portes entre les années 2000 et 2017, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, en Belgique, au Canada, aux États- Unis, en Australie, en Inde, en Chine et en Afrique du Sud. Ils affichent un objectif bien clair : former des butlers, c’est-à-dire du personnel de maison qui peut à la fois superviser d’autres employé-e-s et prendre en charge des tâches domestiques, pour travailler chez des personnes très fortunées.