Ce que font les protagonistes de l'eau
01 juin 2014
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12 p. / p. 4-15
Au cours des années 1990, le secteur de l'eau a vécu une profonde révolution institutionnelle, économique et politique. Considérant que les infrastructures représentaient des facteurs essentiels du développement et que les villes étaient des lieux stratégiques de la transformation des pays émergents, les institutions internationales ont voulu accélérer les politiques d'équipement en mobilisant le secteur privé. L'idée ne posa pas de problèmes majeurs dans les transports, l'énergie et les télécommunications. En revanche, elle en posa davantage dans le secteur de l'eau. Il est vrai que jusqu'alors, seuls les Etats-Unis et surtout la France avaient élaboré un schéma institutionnel permettant d'associer la gestion de ce bien essentiel et des principes de marché. Ces réformes furent en outre rendues sensibles pour deux raisons. A cette époque la Grande-Bretagne engageait un vaste programme de « privatisation » qui se situait à l'opposé des politiques menées depuis l'entre-deux-guerres ; la radicalité de l'expérience fonctionna pour certains comme un modèle repoussoir alertant sur les risques des transferts de propriété. Ces années furent aussi marquées par des politiques macro-économiques privilégiant les grands agrégats et une vision de l'économie résumée sous la formule du « consensus de Washington » - politiques qui furent contestées par un mouvement altermondialiste prenant souvent le secteur de l'eau comme l'exemple même du démantèlement néolibéral des services publics.