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Dématérialisation des services publics : un projet politique

01 novembre 2024
Numéros de page :
pp.85-95
Dans un précédent article, j'ai tenté de montrer que les techniques de management actuelles ne sont pas sans affinités avec les attendus du projet néolibéral. La fragile unité de cette mouvance composite réside dans une conception de l'humain qui l'assimile à l'homo oeconomicus, dont elle s'attache à promouvoir la rationalité : celle du calcul. Il s'agit, dans une logique behavioriste, d'infléchir les comportements de sorte que, mus par l'intérêt, ils se déterminent en réponse à des signaux extérieurs, et non plus en conscience. Il semble que la numérisation de la société fournisse les moyens d'étendre cette logique à d'autres domaines. Cette hypothèse est ici mise à l'épreuve à propos de la politique de dématérialisation des services publics. L'exercice consistera à vérifier si les intentions et finalités de ce nouveau mode d'intervention de l'État peuvent, elles aussi, s'éclairer à la lumière des trois auteurs d'inspiration néolibérale déjà mobilisés pour décrypter les pratiques de management : Milton Friedman, Walter Lippmann et Friedrich Hayek. Notre enquête envisagera le service public dématérialisé au travers des usages auxquels il donne lieu, en se fondant sur les analyses de deux récents rapports du Défenseur des droits.